jeudi 8 janvier 2009

Commissaire Guillaume : Trente-sept ans avec la pègre


Ces souvenirs du célèbre commissaire Guillaume, publiés en 1938 aux Éditions de France, sont enfin réédités et aujourd’hui disponibles aux Éditions des Équateurs.

En 1937, le flic le plus célèbre de France prenait sa retraite. Chef de la brigade spéciale au 36, quai des Orfèvres, un de ceux qui ont inspiré le personnage de Maigret à Georges Simenon avait vendu en exclusivité ses enquêtes les plus sensationnelles au quotidien Paris-Soir. Mais le livre de son cœur, le seul qu'il publia de son vivant, en 1938, Trente-sept ans avec la pègre, portait sur un pan moins connu mais tout aussi passionnant de sa carrière : pendant des années, Marcel Guillaume avait été commissaire de quartier dans la « zone » (La Chapelle) puis s'était occupé de la section de la Voie publique au « 36 ».

Sa personnalité avait séduit et inspiré Georges Simenon qui déclare le 4 février 1937, dans l’article paru dans l’hebdomadaire Confessions « À la retraite , commissaire Maigret »:

« Sa façon de vous regarder au milieu du front comme si vous étiez transparent... Et sa façon de vous écouter avec l’air de penser à autre chose... Et de concrétiser soudain sa pensée par un “Merde !” sonore... Que pouvait faire mon Maigret à moi ? regarder l’autre et l’imiter. »

Construits de manière thématique, écrits d'une plume alerte et humoristique, ces souvenirs restituent d'une manière étonnamment vivante l'atmosphère de la vie de policier dans les années 1900-1930, passant en revue les différents types criminels, « cambrioleurs », « escrocs », « maîtres chanteurs », « indicateurs », « crimes et criminels » de sang, etc. La description de ses débuts de « flic » et celle de l'état incroyablement délabré des commissariats de Police de l'époque ne manquent pas de piquant et de second degré (« mon voleur en était, lui aussi, à son premier vol, et il tremblait bien plus que moi; la prise fut facile »). Le jeune inspecteur apprend vite, est bientôt commissaire et devient expert pour confondre les cambrioleurs les plus audacieux, toutes les catégories d'escrocs (des plus astucieux aux « Levantins » « gominés et langoureux » qui se jouent de « vieilles rombières ») et les assassins les plus déroutants et sordides.

Moraliste, très attaché au « rôle social » du policier, extrêmement psychologue et fin observateur, le commissaire Guillaume ne fait pas simplement revivre la criminalité et les gangsters du début du xxe siècle, il tâche aussi de les comprendre. Trente-sept ans avec la pègre nous offrent une plongée dans un Paris qui n'existe plus par un « flic » humaniste qui surprend par un dernier chapitre consacré à un plaidoyer puissant et exceptionnel pour son époque contre la peine de mort.

Commissaire Guillaume, Trente-sept ans avec la pègre, Paris, Éditions des Équateurs, 2007, 282 p., 18 euros.

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